Diverse Elderly Care est un projet de recherche financé par FEDER Bruxelles.

Le 7 novembre, des professionnels de la santé et des aidants proches se sont réunis au Parlement bruxellois, curieux des résultats de quatre années de recherche sur la perception de la démence chez les personnes âgées issues de l’immigration. Des oratrices du monde académique, des aidants proches et une musicothérapeute ont fourni un programme varié.

Déjà dans les années cinquante, des travailleurs étrangers sont venus en Belgique par vagues successives à l’invitation du patronage et du gouvernement belge pour travailler dans les mines. Dr. Anne Morelli, historienne, professeure honoraire de l’ULB, nous a emmenés dans le temps et a décrit comment les premiers Italiens puis les travailleurs turcs et marocains ont ainsi trouvé leur chemin vers les mines belges.

Anne Morelli : « Les conséquences de l’approche du gouvernement belge face à cette migration de main-d’œuvre se font encore sentir aujourd’hui pour ces travailleurs migrants et leurs familles. Ils vivaient ensemble dans des cités et avaient donc sourtout des contacts entre eux et beaucoup moins avec les autres populations de notre pays. “

Les résultats de quatre années de recherche unique réfutent certains mythes

Saloua Berdai Chaouni et Ann Claeys ont intégré dans leurs recherches, en plus des soignants professionnels, des personnes âgées et des aidants proches d’origine italienne, marocaine et turque. La conception de la recherche fait également partie des résultats. Les chercheurs ont recherché la réciprocité tout au long du processus de recherche. Cette approche rend cette recherche unique et permet de dissiper certains mythes.

On suppose souvent que les familles issues de l’immigration s’occupent elles-mêmes des personnes âgées, mais cela ne ressort pas de cette étude. L’histoire est beaucoup plus nuancée.

Les personnes âgées issues de l’immigration considèrent les soins de manière très différente, mais en général, les chercheurs soulignent un point de vue réaliste: ils ne sont pas demandeur de soins professionnels, mais ils voient aussi que la famille et leur carrière professionnelle, laissent peu de temps aux enfants pour s’occuper d’eux. Ils ont une vision réaliste de la question des soins de santé. Les expériences de soins qu’ils ont déjà eues ne sont pas positives. Ils les ressentaient comme inaccessible, déroutant et humiliant.

Parmi ces personnes âgées, la maison de repos et de soins est le plus connu des soins professionnels. La gamme de soins à domicile est peu ou pas connue. Une fois que les personnes âgées ont reçu des informations à ce sujet, il leur semble que cette solution est valable. C’est donc certainement une piste à surveiller.

Saloua Berdai Chaouni: ” La manière dont les personnes âgées voient la démence et les soins est le résultat de divers facteurs. Il est important de continuer à voir la diversité dans ce contexte des personnes âgées issues de l’immigration. “

La recherche intensive des aidants proches

Les témoignages convaincants des aidants proches Karima Saïdi et Luciano Ferro ont montré que toute l’expérience de la démence est une grande quête pour eux: pour obtenir des informations, des solutions et des moyens d’y faire face. Cela s’applique à tout le monde, mais en raison du context de la migration, une couche supplémentaire est ajoutée, ce qui rend le tout plus difficile: il n’y a pas d’exemples provenant de son propre réseau, il y a peu de connaissances / expérience avec le secteur des soins et on doint tenir compte avec les opinions des la communauté proche. Le cours des soins de la démence dépend actuellement encore dans une large mesure de la rencontre accidentelle d’un fournisseur de soins qui réfléchit, qui est sur la même longueur d’onde et qui peut aider à façonner les soins.

Karima Saïdi a clôturé son témoignage accrocheur en tant que soignante avec un teaser de son documentaire qui sortira en 2020.

Les soins sensibles à la culture sont plus qu’une liste de contrôle pratique

La vision du professionnel de la santé sur les soins aux personnes âgées issues de l’immigration est trop étroite : les patients turcs ou marocains sont principalement considérés comme des « musulmans ». Pour les Italiens, en revanche, il n’y a pas d’attention pour une différence de culture: ” Ils sont comme des Belges “. Le concept de soins sensibles à la culture est limité dans la pratique à une liste de contrôle des questions pratiques avec un fort accent sur les aspects tels que la langue ou la nutrition. De plus, la pensée ” nous/ ils ” est toujours fortement présente dans le discours du soignant. La conscience de soi et le cadre de référence du soignant ne sont guère remis en cause. C’est un aspect qui mérite plus d’attention dans l’éducation et la formation des professionnels. Il est nécessaire de travailler sur l’image que l’on se forme de cette thématique.

La musicothérapeute Yesim Saltik a convaincu le public des effets positifs de la musique adaptée aux personnes âgées atteintes de démence et a chanté quelques chansons turques.

” Quelle est l’influence de la super diversité, de l’intersectionnalité ou de la critique post-coloniale sur l’idée de « bons soins » ? ” Sur la base de ces cadres, le Dr Withaeckx nous a expliqué une perspective différente pour examiner la même question.

Conclusion : il rest beaucoup à faire

Des liens doivent être établis entre les communautés, car il s’agit d’une histoire partagée. Des liens doivent également être établis entre les générations, car la première génération de travailleurs migrants est désormais âgée, mais d’autres personnes âgées migrantes arrivent et ont également besoin de bons soins. Nous ne pouvons pas continuer à nous concentrer sur des questions pratiques, perdant de vue l’ensemble de la situation.

Nous avons entendu deux histoires d’aidants proches au cours de cette journée d’étude, mais il existe de très nombreuses histoires comme celle-ci. Nous devons continuer à les promouvoir. Il n’est pas utile de continuer à travailler avec d’anciennes recettes. Il faut de nouvelles initiatives et un nouveau modèle de soins de santé pour les accompanger.

La table ronde avec la ministre Elke Van Den Brandt et M. Cauchie, conseiller du ministre Maron, démontre une volonté parmi les décideurs politiques de s’attaquer au problème.

Ann Claeys: ” Il est important d’oser – délibérément – de s’écarter des voies connues et ainsi de toucher un groupe dont on dit souvent: on ne les atteint pas. “

Geplaatst door miladruwe

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